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Des botanistes passionnés
 
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Des botanistes passionnés

Jean-Marie Royer

Monsieur Jean-Marie Royer
photo : MNHN-CBNBP C. BARBIER
Né en 1944 à Troyes, ce professeur agrégé s'intéresse depuis de nombreuses années à la botanique et à la phytosociologie. Son intérêt pour la botanique débute dès l'âge de 11 ans, avec son entrée au collège d'Aix-en-Othe (Aube), puis continue tout au long de ses études, d'abord à l'Ecole Normale d'Instituteurs d'Auxerre, puis à la Faculté des Sciences de Dijon. Il obtient l'Agrégation de Sciences naturelles en 1967 et effectue l'essentiel de sa carrière au lycée de Chaumont en Haute-Marne. Parallèlement, il participe activement jusqu'à la fin des années 80 aux activités du Laboratoire de Taxonomie expérimentale et de Phytosociologie du professeur Bidault (Université de Franche-Comté). En 1972, J.M. Royer soutient sa thèse de 3ème cycle sur les groupements végétaux des pelouses, éboulis et rochers de Bourgogne et de Champagne méridionale, puis en 1987 sa thèse d'Etat sur les pelouses du Jura et en complément une synthèse eurosibérienne de la classe des Festuco-Brometea.
Il s'est très rapidement investi dans la protection de la nature et de l'environnement : fondateur de Nature Haute-Marne en 1969, puis du Groupement d'Etudes de la Faune, de la Flore et des Ecosystèmes en 1990, président de la société de Sciences Naturelles et d'Archéologie de la Haute-Marne pendant 9 ans, actuellement vice-président et responsable du Bulletin de liaison de l'association.
De par ses connaissances sur la flore, la végétation, la géologie et les autres aspects naturalistes de la Champagne-Ardenne, M. Royer a encadré l'équipe responsable de la création de la première génération des ZNIEFF de Champagne-Ardenne (dans les années 1980) et a été chargé, par la DIREN, de mettre en oeuvre leur réactualisation (1997-2004).
Très investi dans la connaissance de la flore et de la végétation, il s'est spécialisé dans la flore de la Champagne méridionale (Haute-Marne, Aube), de la Bourgogne septentrionale (Yonne, Côte d'Or) et pendant un temps de la Franche-Comté. Parmi toutes ses activités, il a notamment participé à la rédaction des Tomes 1 et 3 de La nouvelle Flore de Bourgogne coordonnée par M. F. Bugnon. Il écrit actuellement des clés destinées à La Nouvelle flore de France de B. De Foucault. Bon connaisseur de la flore des Alpes et de la région méditerranéenne, il est notamment l'un des co-découvreurs d'une nouvelle espèce pour la France et la chaîne des Alpes, Carex glacialis. En phytosociologie, il a étudié, en parallèle aux végétations des pelouses calcaires, des éboulis et des rochers, celles des marais tufeux du plateau de Langres avec B. Didier, des ourlets et de divers types forestiers avec J.C.Rameau, de la Champagne crayeuse avec S.Thévenin. Il est l'un des participants à la rédaction du Prodrome des Végétations de France, récemment paru. Avec C. Misset, J.C. Felzines et S. Thévenin, il a récemment synthétisé l'ensemble des données phytosociologiques relatives à la Bourgogne et à la Champagne-Ardenne dans un synopsis commenté dont la publication est prévue à l'automne 2006. De nombreuses associations nouvelles sont décrites à cette occasion. La contribution de M. Royer à la connaissance moderne du département de la Haute-Marne (et à un degré moindre des trois autres départements de la région) est incontestable ; il est devenu un collaborateur actif du Conservatoire botanique national du Bassin parisien et a déjà fourni de nombreuses données tirées de ses carnets de terrain, concernant principalement la Haute-Marne.

Jean GUITTET

Monsieur Jean Guittet
photo : J. GUITTET
Né en 1939, a obtenu l'Agrégation de Sciences naturelles, après une formation à l'Ecole Normale d'Instituteurs du Mans, puis à l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud.
Toute sa carrière s'est déroulée à l'Université Paris-XI (Orsay) comme Maître de Conférences en Ecologie végétale.
Ses recherches ont porté, entres autres, sur la dynamique des populations d'arbres (Pin sylvestre, Châtaignier) et sur le fonctionnement des taillis.
Il a consacré l'essentiel de son activité à l'enseignement de l'Ecologie à tous les niveaux des cycles universitaires. Dans un contexte peu favorable aux enseignements naturalistes, il a néanmoins créé, en 1er cycle, une option Faunistique/Floristique qui a initié de nombreux jeunes, ainsi qu'un DESS de Génie écologique qui a assuré à des étudiants déjà floristes chevronnés, une solide formation à la gestion des milieux naturels.

Maître de conférence à l'Université de Paris-Sud Orsay, Jean GUITTET avait gardé de sa formation initiale d'instituteur un sens admirable de la pédagogie, fait de rigueur et de bienveillance. Il était aussi très impliqué dans la protection de la flore d'Île-de-France à travers les associations et les comités scientifiques. C'est ainsi qu'il fut un des membres fondateurs, à la fin des années 1980, du comité des Réserves Biologiques Domaniales du massif de Rambouillet. Devenu président de ce comité, il sut y créer cette ambiance chaleureuse qui fait que chaque membre a toujours plaisir à s'y retrouver, même après bientôt 25 années et 150 réunions.
Jean GUITTET herborisa, notamment, dans la Sarthe, les Alpes, la Seine-et-Marne (où ses travaux de recherche portèrent sur la dynamique des populations d'arbres, sur le fonctionnement des taillis et les pelouses sèches), les Yvelines et l'Essonne, dont il devint le plus fin connaisseur. Ce fut un honneur et un immense plaisir de rédiger à ses côtés l' "Atlas de la flore de l'Essonne", paru en octobre 2004. Dans les années 1990, il mis en place à la faculté d'Orsay un DESS de Génie écologique qui, pendant 5 ans et jusqu'à sa retraite, assura à une quarantaine d'étudiants triés sur le volet une formation approfondie à la gestion des milieux naturels sur la base de la pédologie et de la phytosociologie.
Jean GUITTET était un homme comme on en rencontre peu. D'une grande gentillesse, il mettait son savoir à la portée de chacun. Il défendait la Nature en humaniste, avec conviction, mais toujours avec tact et humour. La brutale disparition d'un être si attachant a plongé, pour longtemps, ceux qui le connaissaient dans une profonde tristesse. Ami si cher, tu nous manques.

Hommage de Christian Schoettl à Jean Guittet...

Jean-Claude FELZINES

Ce professeur agrégé de Lycée, qui a fait l'essentiel de sa carrière à Nevers (58) est l'un des botanistes les plus reconnus de Bourgogne. De formation scientifique, il s'est depuis longtemps passionné pour la botanique et pour la phytosociologie. Il consacre ses mémoires universitaires à l'étude de la végétation avec un Diplôme d'Etudes Supérieures sur la végétation de la partie moyenne de la vallée du Lot (1960) et sa thèse d'état sur la végétation des étangs du centre de la France (1982).
J.-C. Felzines enseigne à Nevers depuis le milieu des années soixante et s'est donc beaucoup investi dans la connaissance de la flore et de la végétation du département de la Nièvre, avec une préférence pour les zones humides. Si la végétation des étangs concentre l'essentiel de ses prospections pour la préparation de sa thèse entre 1970 et 1982, la Loire deviendra ensuite un terrain d'étude privilégié en particulier après 1985 dans le cadre d'un travail commun avec J.-E. Loiseau sur les végétations herbacées. Il est devenu l'un des très bons connaisseurs des végétations de ce fleuve.
Son intérêt pour la flore du département l'a conduit à s'impliquer activement pour sa protection notamment au travers de l'association départementale pour la protection de la Nature dans la Nièvre (PRONAT).
Pour ses connaissances sur la flore et la végétation, M. Felzines a été sollicité pour participer à la définition de la première génération des Z.N.I.E.F.F. de la Nièvre. Il a assuré la coordination et la rédaction de la plupart des fiches du département dans le cadre de l'association PRONAT.
Son métier de professeur le portant assez naturellement vers la pédagogie, J.-C. Felzines a pu faire partager ses connaissances par l'organisation de sessions botaniques pour la S.B.C.O. et la Société Botanique de France. Il a également produit de nombreuses publications, certaines tournées vers le grand public, et il a participé aux tomes 1 & 3 de la Nouvelle Flore de Bourgogne coordonnée par F. Bugnon.
J.-C. Felzines est devenu un collaborateur très actif du Conservatoire botanique national du Bassin parisien et a déjà fourni plus de 15000 données, concernant la Nièvre principalement.
Aujourd'hui à la retraite, M. Felzines partage son temps de botaniste et de phytosociologue entre le Lot et la Nièvre, avec toujours un fort intérêt pour les habitats humides. Récemment, la prospection des forêts humides du Nivernais (Massif de St-Saulge par exemple) lui a permis de découvrir de nombreuses stations d'espèces remarquables pour la Nièvre.

Pierre DELAHAYE

Monsieur P. Delahaye
Photo : CBNBP-MNHN R. DUPRE

Naturaliste passionné depuis son adolescence, M. Pierre Delahaye s'intéresse plus particulièrement à la botanique. Préparé à la profession d'instituteur à l'Ecole normale d'Alençon, il poursuit des études scientifiques à l'Ecole normale Supérieure de St-Cloud où il obtient l'agrégation des sciences naturelles. Pierre Delahaye est nommé en 1947 Professeur de sciences naturelles au Lycée Marceau à Chartres. La ville de Chartres le charge en 1966 d'étudier la possibilité de création d'un Muséum autonome à partir d'anciennes collections naturalistes rescapées des sinistres de la dernière guerre. Le Muséum des Sciences Naturelles et de Préhistoire de Chartres est mis en place progressivement à partir de 1968 et M. Delahaye en devient le Conservateur, parallèlement à sa carrière professorale.
Après sa retraite en 1981, M. Delahaye souhaite s'impliquer davantage dans la botanique de terrain.
En 1982, il fonde la SAMNEL, Société des Amis du Muséum de Chartres et des Naturalistes d'Eure-et-Loir, dont il est président jusqu'en 1991, puis président d'honneur jusqu'à aujourd'hui.
Les objectifs de cette association sont, d'une part, de dynamiser la recherche naturaliste en Eure-et-Loir et, d'autre part, d'organiser des activités pédagogiques dont des sorties naturalistes. Peu à peu, cette structure est habilitée à effectuer des études scientifiques nécessaires aux actions de protection menées par les pouvoirs publics.
Sous la conduite de M. Delahaye, la SAMNEL a ainsi réalisé l'étude pluridisciplinaire du marais de Boizard à Pontgouin (seul site à l'époque de Ranunculus lingua d'Eure-et-Loir).
Cette étude a abouti au premier arrêté de biotope du département en 1982. Il a participé pour le département d'Eure-et-Loir, à diverses campagnes de prospection lancées sur le plan national ou local en vue de l'établissement des aires de répartition des espèces (Atlas partiel de la flore de France- Atlas de la Société française d'Orchidophilie, Inventaires floristiques du Parc naturel régional du Perche) et a mis en chantier, avec les botanistes du Muséum de Chartres, une cartographie des espèces départementales selon le quadrillage U.T.M.
Dans le cadre de la SAMNEL, Pierre Delahaye et Pierre Boudier, ancien Conservateur du Muséum de Chartres, ont réalisé les inventaires ZNIEFF première génération dans les années 1980. M. Delahaye a ainsi accumulé plusieurs milliers d'inventaires floristiques en Eure-et-Loir sur des sites remarquables mais aussi des milieux comportant une flore banale. Il s'appuie sur le catalogue de la flore d'Eure-et-Loir de Lefèvre (1866) pour diriger ses prospections. Sa curiosité le pousse à retourner sur les stations anciennes de plantes rares et à constater qu'assez souvent, dans le cas où le milieu n'est pas détruit, les plantes signalées sont toujours là.
La contribution de M. Delahaye à la connaissance moderne du département est incontestable. Il a ainsi retrouvé, entre autres, Eriophorum angustifolium et a permis de mieux cerner la répartition de deux plantes vernales protégées en région Centre, Scilla bifolia et Thalictrella thalictroides.
La découverte de nouvelles espèces non signalées anciennement mais faisant partie de la flore indigène sont à mettre à son actif: Aethusa cynapium subsp. elata, Lathraea clandestina, Oreopteris limbosperma ou Ranunculus serpens.

Hommage à Pierre Delahaye

Nous avons le regret de vous informer du décès de Monsieur Pierre Delahaye survenu le 19 janvier 2017 dans sa 96ème année. M. Pierre Delahaye fut à l'origine du renouveau des inventaires naturalistes en Eure-et-Loir dès les années 1970 et l'un des principaux animateurs des activités botaniques. Il est coauteur de l'Atlas de la flore sauvage du département d'Eure-et-Loir paru en 2009.

André LAUNAY, un agriculteur botaniste

Monsieur A. Launay
Photo : MNHN-CBNBP G.HUNAULT

Ancien agriculteur et ayant cessé son activité depuis une dizaine d'années, André Launay a décidé de consacrer sa retraite à inventorier la flore du département de la Sarthe.
Prospecter est devenu pour lui une seconde nature et il parcourt régulièrement le territoire sarthois à la recherche de nouvelles plantes ou de nouveaux sites, partageant son temps entre la botanique, le dessin, lorsque les conditions météo ne lui permettent pas de sortir, et ...les boules.
Habitant à Rouessé-Vassé, à la limite de la Sarthe et de la Mayenne, il s'intéresse surtout à la moitié occidentale du département, pour grande partie en secteur armoricain, mais ne délaisse pas pour autant les calcaires et les sables du Bassin parisien.
C'est au travers de la SEPENES (Société d'Etude et de Protection de l'Environnement du Nord-Est de la Sarthe) qu'il a rejoint le réseau des participants à l'inventaire botanique sarthois.
Sa première rencontre avec Gérard Hunault, responsable de l'inventaire pour la Sarthe a eu lieu alors qu'il était encore en activité. G. Hunault animait alors une sortie floristique de la SEPENES en forêt de Sillé-le-Guillaume. André Launay, depuis longtemps intéressé par la floristique, mais sans pouvoir y consacrer beaucoup de temps, y était venu par simple curiosité.
De cette rencontre est née une véritable passion. Progressant en autodidacte et au travers des sorties de la SEPENES, il est devenu, en quelques années, l'un des botanistes sarthois les plus actifs, stimulé par le lancement, par le CBN de Brest en 1991, de l'Atlas de la Flore armoricaine, dont G. Hunault était le responsable sarthois. C'est donc tout naturellement, en 1996, qu'il a rejoint le réseau du Bassin parisien.
Sa contribution à la découverte de stations de plantes intéressantes est tout à fait remarquable. Il a ainsi été le premier à retrouver en Sarthe des plantes protégées ou très rares comme Ammi majus, Asplenium septentrionale, Lathraea squamaria, Limosella aquatica, Pulicaria vulgaris ou Scleranthus perennis, ...parmi d'autres. On lui doit aussi l'observation de plus d'une dizaine d'espèces nouvelles pour ce département, les dernières en date étant Euphorbia maculata, Pseudognaphalium undulatum, Veronica cymbalaria, Parentucellia latifolia et Rostraria cristata !
Chaque année, il participe à l'organisation de la "Fête de la forêt" de Rouessé-Vassé, qui attire plusieurs milliers de personnes, et y tient un stand où sont exposés ses dessins. Au hasard des discussions suscitées par ceux-ci, il en profite pour recueillir des informations sur des localités potentiellement intéressantes, qu'il ne manque pas de prospecter par la suite.
En prolongation de cette activité purement floristique, A. Launay milite également en faveur de la protection des espaces naturels. Il n'hésite pas à aller à la rencontre des propriétaires ou des exploitants pour souligner à leur intention, et souvent avec beaucoup de persuasion, l'intérêt de telle ou telle plante ou de tel ou tel site, et à leur suggérer des conseils de gestion conservatoire.

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