La carte phytosociologique des végétations naturelles et semi-naturelles d’Île-de-France
Une version 2 de la couche est en cours de finalisation. Plus d'informations prochainement.
Accès aux métadonnées et à la notice méthodologique : lien vers notice_carte_vegidf2_2024.pdf
Accès aux données au format vectoriel shapefile et aux métadonnées : VegIdF
Cartes interactives via l'interface CARMEN : VegIdF
Cartes au format image 1/16000ième par maille de 2.5kmx2.5km : carte cliquable
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Préambule
Ce présent rapport expose de manière succincte les objectifs généraux du programme «Habitats naturels et semi-naturels de l’Île-de-France»
, la méthodologie et les principaux résultats. Le lecteur pourra trouver le détail du déroulement de ce programme dans la
synthèse complète.
1. Des cartes de végétation pour mieux comprendre les enjeux du patrimoine naturel
C’est en 2004 que les Conservatoires botaniques nationaux (CBN) ont vu leurs missions officiellement élargies à la connaissance, la répartition et l'état de conservation des habitats naturels et semi-naturels (décret du 8 juillet 2004). Par cette attribution officielle, le Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP), qui réalisait déjà des études phytosociologiques, a ainsi pu approfondir les travaux dans ce domaine, principalement ceux concernant la cartographie des habitats.
Parallèlement, au cours de la dernière décennie, une meilleure prise en compte du patrimoine naturel dans les politiques d’aménagement du territoire a généré un besoin important de connaissances précises sur la répartition du patrimoine naturel régional et sur son état de conservation. La mise en œuvre de grands projets de territoire tels que la trame verte et bleue, le schéma régional de cohérence écologique, la stratégie de création d’aires protégées, l’application de la directive Habitats-Faune-Flore ou de certaines mesures de la loi sur l’eau ou encore l’amélioration de l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique, sont autant d’exemples qui font appel à l’utilisation de la végétation comme outil de diagnostic écologique du territoire. Or il n’existait pas à ce jour de cartes de végétation suffisamment précises pour permettre de renseigner ces projets de manière cohérente au niveau régional.
C’est ainsi que le CBNBP a lancé un projet ambitieux de cartographie des habitats en Île-de-France. Au terme de ce programme de grande envergure qui a nécessité neuf années de prospection, les données cartographiques recueillies par les phytosociologues cartographes du CBNBP sont désormais disponibles sur la totalité du territoire francilien et consultables sur le site internet du CBNBP. Elles sont à destination aussi bien des naturalistes que des décideurs ayant à traiter des milieux naturels et de l’aménagement du territoire.
2. L’Île-de-France, première région à se doter d’une carte complète de la végétation au 1/10 000ème
Depuis 2002, le CBNBP réalise des études typologiques et cartographiques de sites naturels de petite superficie mais d’intérêt patrimonial important. Ces travaux ont été soutenus ou demandés par le Conseil régional d’Île-de-France (notamment lors de la réactualisation des réserves naturelles régionales), l’Agence des Espaces Verts d’Île-de-France, l’Office National des Forêts, les Conseils départementaux pour les espaces naturels sensibles, notamment ceux du Val-d’Oise, de l’Essonne et de la Seine-et-Marne, la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie Île-de-France pour le réseau des sites Natura 2000 ou encore les Parcs naturels régionaux comme le Parc naturel régional Oise-Pays de France.
Parallèlement à ces missions d’expertises, un projet de cartographie complète des habitats en Île-de-France est lancé en 2006. Ce projet débute sur des initiatives départementales indépendantes, à savoir la cartographie de la Seine-Seine-Denis entre 2006 et 2008, puis celle du département de la Seine-et-Marne de 2006 à 2012 qui représente à lui seul plus de la moitié de la surface régionale. Il se poursuit à partir de 2008 par la mise en œuvre d’un programme pluriannuel d’inventaire sur la partie Ouest de l’Île-de-France (Paris, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Val-d’Oise, Yvelines, Essonne) pour s’achever en 2014. Ce programme «Habitats naturels et semi-naturels de l’Île-de-France», soutenu par le Conseil régional d’Île-de-France, les départements de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie Île-de-France, a pour but de cartographier les végétations naturelles et semi-naturelles sur l’ensemble du territoire régional. La région Île-de-France devient ainsi la première région française à être dotée d’une carte complète des milieux naturels et semi-naturels à une échelle aussi fine.
Ce programme est à l’origine de nombreuses données phytosociologiques originales qui sont maintenant disponibles en ligne sur le site internet du CBNBP sous la forme de cartes de végétation. La production de cartes et d’autres supports d’information pour divers usages (aménagement du territoire, orientations des politiques de conservation/protection du milieu naturel, diffusion scientifique, vulgarisation) viendra compléter la gamme des outils d’interprétation et d’information déjà disponibles. La cartographie des végétations d’Île-de-France a également permis la production de nombreux documents de synthèse qui sont venus compléter les rapports d’études typologiques et cartographiques des sites expertisés. Ainsi, les cartographies départementales ont donné lieu à la publication des atlas des habitats de Seine-et-Marne (AZUELOS et RENAULT, 2013) et de Seine-Saint-Denis (DOUCET et al., 2013). Plus récemment, le guide des végétations remarquables (FERNEZ et al., 2015) et le synopsis des groupements végétaux d’Île-de-France (FERNEZ et CAUSSE, 2015) sont venus dresser un bilan détaillé des connaissances régionales sur les végétations.
Les acteurs de la région Île-de-France auront ainsi à disposition un ensemble d’outils pour évaluer et mieux prendre en compte les végétations ainsi que leur intérêt patrimonial et fonctionnel dans le cadre de l’aménagement du territoire et de la conservation du patrimoine naturel.
3. Le développement d’une méthode spécifique de cartographie à l’échelle régionale
3.1 La phytosociologie comme outil de diagnostic écologique du territoire :
La cartographie des végétations d’Île-de-France est fondée sur la méthode phytosociologique sigmatiste. La phytosociologie, science récente née au début du XXème siècle, est la base scientifique d’étude de la végétation et des habitats. Elle étudie les communautés végétales d’un point de vue floristique, écologique, dynamique, géographique et historique et leurs relations avec le milieu.
Bien que la notion d’habitat soit plus large que celle de communauté végétale, la phytosociologie est néanmoins devenue l’outil essentiel d’identification et de diagnostic des habitats naturels, pour plusieurs raisons :
- par son côté intégrateur, la végétation est un excellent indicateur des paramètres environnementaux (qualité de l’eau, climat, influence anthropique…) ;
- la phytosociologie est une science taxonomique pourvue d’une méthode bien définie qui fixe les règles de la démarche. Contrairement aux typologies usuelles d’habitats (Corine Biotopes, EUNIS), les éléments de classification sont précis, relativement homogènes et ainsi hautement comparables entre eux.
C’est pourquoi la phytosociologie est l’outil majeur utilisé par les CBN dans leur mission d’étude et de connaissance des habitats naturels. La phytosociologie ordonne les communautés végétales de façon hiérarchisée dans une typologie emboîtée. Les niveaux supérieurs (classes, ordres) correspondent à de grands types de végétations présentant des caractéristiques communes à une échelle large (européenne, région biogéographique, etc.). Les niveaux inférieurs (alliances et associations) correspondent à des groupements végétaux de répartition généralement plus réduite et d’écologie plus précise.
3.2 Référentiel phytosociologique utilisé :
La typologie utilisée s’appuie sur le référentiel phytosociologique interne et évolutif du CBNBP, (version du 30/04/2015 (CAUSSE et al., 2015). A l’origine, ce référentiel syntaxonomique est fondé sur le Prodrome des végétations de France (BARDAT et al., 2004), référentiel syntaxonomique national jusqu'au niveau de la sous-alliance. Il a ensuite été modifié, corrigé et complété jusqu’au niveau de l’association en prenant en compte les travaux de synthèse les plus récents.
Ce référentiel a été décliné pour la région Île-de-France sous la forme d’un Synopsis phytosociologique des groupements végétaux (FERNEZ et CAUSSE, 2015). Travail mené conjointement à la cartographie de la végétation car nécessaire à la caractérisation des unités de la carte, le synopsis phytosociologique a en retour été alimenté par les données de terrain récoltées lors de la cartographie. Le résultat est une liste commentée de 442 associations végétales (ou groupements), organisées dans un synsystème composé de 142 alliances, 71 ordres et 41 classes. Dans ce synopsis, chaque association fait l'objet d'une courte description : physionomie, caractéristiques écologiques, répartition générale et régionale, habitats naturels concernés par l'association (codes Corine Biotopes et Cahiers d'Habitats Natura 2000).
3.3 Méthode d’inventaire et interprétation des données :
Si les expertises ponctuelles de sites ont pour objectif d’inventorier et de cartographier de façon exhaustive les végétations, il était impossible pour un projet de cartographie d’ampleur régionale d’en faire de même. Compte tenu des contraintes de temps et de superficie, il a donc été nécessaire de développer une méthodologie spécifique pour ce programme.
La cartographie phytosociologique de la région Île-de-France s’est d’abord appuyée sur l’utilisation de l’ECOMOS 2000 (IAU îdF, 2007) qui a facilité la localisation des milieux naturels. La couche ECOMOS 2000 est le résultat d'une synthèse de l'approche européenne d'étude des milieux naturels (CORINE Land Cover) et de l'approche régionale de suivi de l'occupation du sol et de l'évolution de l'urbanisation (MOS). Ce fond cartographique simplifié, qui combine l’interprétation de photographies aériennes et d’images satellitaires datant de 2000, a permis d’identifier 348 000 ha de milieux naturels regroupés en grands types de formations végétales.
La méthode a ensuite consisté en une expertise en deux étapes : sur le terrain (in situ) et au bureau par extrapolation (ex situ). La phase de terrain a permis de réaliser un échantillonnage des différents types de formations végétales identifiées à partir de l’ECOMOS 2000 combiné à d’autres informations disponibles (cartes géologiques, cartes des petites régions naturelles, topographie…). Ces données ont ensuite été utilisées pour effectuer une extrapolation aux végétations non vues sur le terrain mais situées dans un rayon géographique proche et présentant des conditions écologiques similaires (topographie, géologie...) par interprétation de photographies aériennes (photo-interprétation). La pression d’échantillonnage est donc nettement plus faible que pour des cartographies exhaustives de sites de faibles surfaces.
Sur le terrain, lorsqu’une végétation est identifiée, une station géoréférencée est créée. Le rattachement de la station à un syntaxon (unité de rang quelconque de la classification phytosociologique) est effectué soit par l’intermédiaire d’un relevé phytosociologique ou floristique, soit par interprétation directe à dire d’expert. Lors de la phase d’extrapolation, les stations créées peuvent être rattachées à un syntaxon par photo-interprétation à partir des informations issues de la campagne de terrain ou en les croisant avec les données floristiques géolocalisées de la base de données FLORA du CBNBP. Néanmoins, les données issues de l’extrapolation restent moins fiables que celles directement issues des observations sur le terrain.
4.Résultats
Au total, près de 340 000 ha ont été cartographiés à l’échelle régionale (Figure 1). Ce sont ainsi plus de 95 000 stations qui ont été cartographiées avec près de 7 500 relevés phytosociologiques réalisés afin de caractériser au mieux les végétations franciliennes. Ainsi, près de 74 000 ha ont pu être cartographiés sur le terrain, soit 22 % de la surface cartographiée par ce programme. La carte suivante présente l’évolution des surfaces cartographiées au cours des neuf années de prospection du programme.
Figure 1 : Carte des surfaces cartographiées par le CBNBP en Île-de-France par an entre 2002 et 2013
5.Données disponibles en ligne
5.1 Diffusion de cartes phytosociologiques à la maille
Les cartes phytosociologiques des végétations naturelles et semi-naturelles d’Île-de-France sont mises à disposition pour toutes les communes inventoriées lors des programmes de cartographie par le CBNBP. La résolution typologique des cartes se situe très majoritairement au niveau de l’alliance phytosociologique (niveau directement supérieur à l’association végétale), garantissant une bonne homogénéité sur l’ensemble de la région ainsi qu’une précision déjà remarquable. Les cartes sont accessibles par commune, selon un découpage en mailles de 2,5 x 2,5 km calées sur la grille nationale (maille de 5 x 5 km), limitée au territoire français métropolitain et reprojetée en Lambert 93. Cela permet de pouvoir visualiser des cartes à l’échelle 1/16 000ème au minimum et ainsi de mieux percevoir tous les détails de la cartographie (Figure 2). Une notice de lecture accompagne ce jeu de cartes phytosociologiques pour faciliter leur prise en main :
Une notice de lecture des cartes est disponible en suivant ce lien.
Figure 2 : Exemple de carte des végétations consultable sur le site du CBNBP
L’accès à ces données peut se faire par l’onglet «végétations » de chaque commune ou directement via la carte cliquable ci-dessous (Figure 3) : |
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Figure 3 : Carte de la région présentant les mailles cliquables pour visualiser les cartes phytosociologiques disponibles sur le site du CBNBP
5.2 Diffusion d’une couche géographique (VegIdF)
La couche géographique regroupant l’ensemble des objets géographiques (ponctuels et polygones) est désormais disponible au format Shp, avec une projection Lambert 93 (Système géographique RGF93). La couche est structurée de la manière suivante : une ligne représente un habitat et si la station contient une mosaïque d’habitat, ces habitats sont déclinés sur plusieurs lignes. Plusieurs types d’informations sont associés à cette couche :
- Nom et date de l’observateur
- Nature de l’observation (In situ et Ex situ)
- Type d’objet géographique (Station surfacique ou ponctuelle)
- Syntaxon noté dans la base de données HABITAT et celui qui est affiché sur les cartes phytosociologique
- Code CORINE biotopes, EUNIS et N2000
L’accès à cette couche géographique ainsi qu’au fichier de métadonnées est désormais téléchargeable à l’adresse suivante. Cette couche sera mise à jour régulièrement en fonction des validations de données qui pourront être réalisées et des évolutions du référentiel syntaxonomique.
6. Partenaires du programme
Le programme de cartographie phytosociologique des végétations naturelles et semi-naturelles d’Île-de-France a été soutenu par :
7. Bibliographie citée
AZUELOS L. et RENAULT O. (coord.) 2013. Les milieux naturels et les continuités écologiques de Seine-et-Marne. Conservatoire botanique national du Bassin parisien - Muséum National d'Histoire Naturelle, Conseil Général de Seine-et-Marne. Édition Librairie des Musées. 375 p. + annexes.
BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GEHU J.M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.C., ROYER J.M., ROUX G. et TOUFFET J. 2004. Prodrome des végétations de France. Coll. Patrimoines naturels, 61 : 1-171. Muséum national d'Histoire naturelle. Paris.
CAUSSE G., FERNEZ T., BELLENFANT S., BESLIN O., FERREIRA L., HENDOUX F., MENARD O., PUJOL D. et WEBER E. 2015. Référentiel syntaxonomique augmenté des végétations du CBNBP. Version du 30/04/2015. Base de données interne non publiée.
DOUCET G., FILOCHE S. et HENDOUX F. 2013. Atlas des habitats naturels et semi-naturels de la Seine-Saint-Denis. Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine en Seine-Saint-Denis, Département de Seine-Saint-Denis / Conservatoire botanique national du Bassin parisien - Muséum national d'Histoire naturelle. 158 p.
FERNEZ T. et CAUSSE G. 2015. Synopsis phytosociologique des groupements végétaux d'Île-de-France. Conservatoire botanique national du Bassin parisien - Muséum national d'Histoire naturelle, délégation Île-de-France / Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France. 89 p.
FERNEZ T., LAFON P. et HENDOUX F. (coord.) 2015. Guide des végétations remarquables de la région Île-de-France. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France. Paris. 2 Volumes : méthodologie : 67 p. + Manuel pratique de détermination : 224 p.
FERREIRA L., AZUELOS L, BERTRAN A., CULAT A., DÉTRÉE J., FERNEZ T., LAFON P. et MENARD O. 2015. Inventaire et cartographie des végétations naturelles et semi-naturelles en Île-de-France. Rapport final de synthèse (2008-2014). Conservatoire botanique national du Bassin parisien - Muséum national d’Histoire naturelle, délégation Île-de-France, Conseil régional d’Île-de-France / Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie Île-de-France / Département de Seine-Saint-Denis / Département de Seine-et-Marne. 62 p. + 3 annexes.
INSTITUT D'AMENAGEMENT ET D'URBANISME DE LA REGION D'ÎLE-DE-FRANCE (IAU îdF). 2007. Les milieux naturels franciliens (ECOMOS) - Version 2 : 23/11/2007. Source ECOMOS 2000 – IAU îdF.