Dernière mise à jour des données : 27 Février 2022

Espèce végétale

Damasonium alisma Mill., 1768

Étoile d'eau, Damasonie étoilée

Cette espèce bénéficie d'un statut réglementaire ou patrimonial sur tout ou partie du territoire d'agrément du CBNBP et de la Sarthe

(, Equisetopsida)

 
Statut d'indigénat sur le territoire d'agrément : Indigène

Citation de cette fiche : R. BAJON, janvier 2000. Damasonium alisma Mill., 1768. In Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.

© MNHN-CBNBP  G. ARNAL
© MNHN-CBNBP G. ARNAL

Caractères diagnostiques :

Plante herbacée aquatique ou amphibie, verte. Tige dressée, pouvant varier de 5 à 30 cm ; feuilles toutes basales, flottantes, ou aériennes chez les plantes aériennes ; ovales, obtuses au sommet, à base arrondie ou légèrement échancrée en cœur, munies d'un pétiole mesurant jusqu'à 4 ou 5 fois la longueur du limbe ; présentant les nervures parallèles typiques des Monocotylédones. Hampes florales portant une ou plusieurs ombelles superposées de fleurs blanches, assez petites (souvent moins de 1 cm de diamètre) ; 3 sépales verts persistant après la floraison, plus petits que les 3 pétales libres, maculés de jaune à leur base, et rapidement caducs ; 6 étamines opposées deux à deux aux sépales ; de 6 à 9 carpelles libres, aigus, aplatis, et étalés en étoile. Fruit en forme d'une étoile à six branches = verticille de follicules partiellement soudés à leur base, chacun mesurant 5 à 12 mm de long ; fruits secs et coriaces renfermant ordinairement deux graines et restant indéhiscents. Floraison en été (juin-septembre), fructification en automne.

Confusions possibles :

Possibles avec Damasonium polyspermum Coss., espèce (ou sous-espèce?) voisine de Damasonium alisma. C'est une espèce très vulnérable que l'on ne trouve que dans l'Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône. Elle est plus petite (ne dépassant pas 15 cm de hauteur), ses feuilles ont un limbe ovale allongé et leur base n'est jamais en cœur. De plus, elle se distingue du Flûteau étoilé par le nombre élevé (de 8 à 25) des graines contenues dans un carpelle.

Caractères biologiques :

Hélophyte amphibie, annuelle ou bisannuelle, parfois vivace. La reproduction est uniquement sexuée, la fécondation croisée obligatoire. Les fleurs étant toujours émergées, la pollinisation est aérienne, essentiellement anémophile. Le potentiel séminal peut rester latent de nombreuses années. La mise en place au fil des années d'un stock de graines dans le sol permet la survie d'une population sur un même site.

Aspects des populations sociabilité :

Peut former des "populations" assez nombreuses et étendues.

Caractères écologiques :

Damasonium alisma est une plante de plaine, qui ne dépasse guère 500 m d'altitude. C'est une plante pionnière des bords de mares et d'étangs, des marais, des mouillères dans les champs, des chemins dans les landes et dans les forêts très claires, soumises à une période d'exondation. Elle est calcifuge, et préfère les sols limoneux ou argileux, sur substrat mésotrophe. Mais elle est héliophile, ne se maintient que dans les milieux ouverts, et elle redoute donc la concurrence des hautes herbes et des plantes vivaces. Comme beaucoup de plantes amphibies, la germination et la croissance sont régulées par la durée de submersion et les conditions de température et de lumière. Damasonium alisma nécessite ainsi l'alternance de phases d'inondation (permettant la germination), et de phases d'exondation (pour le développement, la floraison et la reproduction). En fonction de la réalisation ou non de ces diverses phases, de leur durée, ce sera donc une plante "à éclipses", disparaissant brutalement pendant plusieurs années, et réapparaissant tout aussi spectaculairement.

Habitats concernés :

Groupements d'hydrophytes des grèves alluviales mésotrophes : Littorellion essentiellement, parfois aussi dans le Bidention. Ce sont des groupements instables, pas toujours présents plusieurs années consécutives au même lieu, ou en tout cas pas avec la même flore.

Répartition géographique :

Damasonium alisma est en fait une espèce paléarctique. Elle est présente de l'Atlantique (Grande-Bretagne, France, Portugal...) à l'Oural et à l'Ukraine ; vers le sud, elle atteint l'Espagne, les Baléares, la Sicile, et même l'Afrique du nord. En France, elle se fait de plus en plus rare ; si elle reste assez commune en général dans l'ouest, elle est de moins en moins fréquente dans le nord, les environs de Paris et la Normandie, dans le sud-ouest ; elle subsiste ça et là en Bourgogne, dans la Bresse, les Dombes, le Forez ; elle est enfin très rare dans les Pyrénées-Orientales, le Languedoc et la Provence.

Etat des populations :

Damasonium alisma est une espèce très instable, dont la présence dépend fortement des conditions externes du milieu. De plus, la disparition progressive des milieux auxquels elle est inféodée, comme les mouillères, les mares et les étangs temporaires, ne facilite pas son implantation. Elle est ainsi très tôt, déjà vers le début du siècle, considérée comme une espèce rare. Dans les dernières décennies, la plante n'a été observée que lors des années à forte pluviosité. En effet, les hivers et les printemps secs sont défavorables à son apparition : ils empêchent, par exemple, l'apparition des mouillères dans les champs, ce qui permet donc aux plantes cultivées de lever ; en revanche, si l'hiver et le début du printemps sont pluvieux, les mouillères sont étendues, et les plantes amphibies peuvent apparaître en mars-avril. Les années 1994 et 1995 ont ainsi été marquées par la découverte de plusieurs stations d'Etoile d'eau en Ile-de-France, apparition certainement favorisée par un hiver 93-94 très humide.

Menaces potentielles :

L'espèce est menacée, comme beaucoup de plantes aquatiques, par de nombreuses menaces directes sur les biotopes (zones humides en régression partout, eutrophisation des mares et étangs, etc.). On pourra citer, particulièrement, le comblement des dépressions au sein des cultures (mouillères), qui sont une gêne pour l'agriculture, la suppression des variations normales du niveau des eaux (réduction de la durée de submersion, par la surexploitation des nappes souterraines à des fins agricoles, allongement de la durée de submersion, par l'écoulement des eaux de drainage de l'agriculture ou l'utilisation des étangs comme bassins régulateurs des crues), ou encore l'eutrophisation et la pollution des eaux.

Bibliographie :

- ABBAYES (des) H., CLAUSTRES G., CORILLION R., DUPONT P., 1971. Flore et végétation du Massif armoricain - Tome 1 : flore vasculaire. Presses Universitaires de Bretagne, Saint-Brieuc. LXXV + 1226 p.
- ARNAL G., 1996. Les Plantes protégées d'Ile-de-France. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 349 p.
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
- DANTON P., BAFFRAY M., 1995. Inventaire des plantes protégées en France. Editions Nathan et Association française pour la conservation des espèces végétales (A.F.C.E.V), Paris et Mulhouse. 294 p.

Accueil  |   Contactez-nous  |   Mentions légales  |   Plan du site  |   Aide  |   Webmaster

© CBNBP-MNHN 2006