Citation de cette fiche : R. BAJON,
janvier 2000. Paeonia mascula (L.) Mill., 1768. In Muséum national
d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique
national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.
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© MNHN-CBNBP S. LESNE
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Caractères diagnostiques :
Grande plante vivace (jusqu'à 80-100 cm de hauteur), à grosses racines renflées, tubérisées ; tiges dressées, souvent ramifiées, glabres, un peu glaucescentes, parfois lavées de rougeâtre ; feuilles glabres, divisées en (3-)5-7 segments ovales-oblongs, larges, entiers.
Fleurs grandes (jusqu'à 10-15 cm de diamètre), en général solitaires ; 5 sépales verts, souvent lavés de rouge, et persistants ; pétales nombreux, rose ou rose-violacé, grands (4-5 cm), largement ovales ; étamines nombreuses, à longues anthères jaunes ; 4 à 5 carpelles plus ou moins pubescents ; fruit = 4 à 5 follicules en étoile, s'ouvrant largement pour libérer de grosses graines rouge-corail devenant d'un noir brillant à maturité ; floraison au printemps (mai-juin), fructification en automne (août-septembre).
Confusions possibles :
Toute confusion serait difficile : il n'existe que deux espèces de Pivoines spontanées en France, la Pivoine coralline et la Pivoine officinale, Paeonia offinalis L. subsp. officinalis ; cette dernière espèce possède des feuilles très découpées, avec des segments linéaires plus nombreux, et ses grandes fleurs sont rouges ou d'un rose très foncé. En outre, bien qu'elles vivent dans les mêmes types de milieux, elles ont des aires de répartition qui s'excluent totalement, puisque la Pivoine officinale est restreinte à la Région méditerranéenne (Provence, Alpes du sud, Languedoc, Roussillon).
Caractères biologiques :
Hémicryptophyte vivace.
Aspects des populations sociabilité :
Espèce ne formant pas de populations étendues ; même lorsque les individus sont nombreux, ils sont en général densément groupés.
Caractères écologiques :
Plante de basse altitude, dans les plaines et les collines (ne s'élève guère au-dessus de 800 m) ; dans les bois clairs, les lisières, surtout dans les chênaies-charmaies, les chênaies pubescentes ou dans les hêtraies sèches ; plutôt sur substrat calcaire, mais surtout sur sols partiellement décalcifiés, parfois peu épais ; pas vraiment héliophile ; ne supporte pas une trop forte concurrence.
Habitats concernés :
Groupements forestiers caducifoliés mésoxérophiles : alliances du Quercion pubescentis, ou du Carpinion et du Fagion dans leurs faciès les plus secs, essentiellement, mais souvent aussi dans les ourlets forestiers du Geranion sanguinei.
Répartition géographique :
L'espèce Paeonia mascula au sens large est présente dans toute l'Europe méridionale, de l'Espagne à la Grèce et à la Crimée, et aussi dans le Moyen-Atlas marocain, en Kabylie et dans le Djurdjura en Algérie, et dans le Caucase ; il s'agit en fait d'un complexe de plusieurs sous-espèces parfois endémiques (Algérie, Corse, Baléares, etc.). La sous-espèce mascula présente une aire presque continue de la France à la Grèce, par l'Italie et la Sicile, l'ex-Yougoslavie et la Bulgarie, mais elle n'est jamais abondante, dans aucune région.
En France continentale, la sous-espèce mascula est la seule connue ; on la rencontre dans une étroite zone médiane, allant en gros du Poitou à la Bourgogne, mais toujours de façon très localisée. Toutes ces localités continentales doivent donc être rapportées à la ssp. mascula.
En Corse, P.mascula est représenté par la subsp. russoi, endémique des îles méditerranéennes (Corse, Sardaigne, Sicile, îles Ioniennes).
Etat des populations :
Les populations de Pivoine coralline sont variables, mais souvent d'effectif réduit. Certaines semblent d'ailleurs avoir déjà complètement disparu.
Menaces potentielles :
La Pivoine est une plante assez spectaculaire, dont les fleurs sont souvent cueillies, et les pieds prélevés dans les stations naturelles par des amateurs peu scrupuleux… Dans les stations où la plante semble avoir été volontairement introduite, elle se trouve souvent dans des parcs (par exemple, parcs de châteaux), et elle n'est est donc vraisemblablement pas menacée. Ailleurs, sa survie dépend souvent du statut des bois et des forêts qui l'abritent : si l'ONF protège, par exemple, la station de la forêt de Russy (Loir-et-Cher) ou quelques stations bourguignonnes, d'autres sont très directement menacées (cueillette, déboisement ou, au contraire, fermeture du couvert forestier).
Bibliographie :
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- CORDIN B., 1998. Etude biologique, génétique et écologique de Paeonia mascula ssp. mascula (L.) Miller dans le Bassin parisien. Mémoire de maîtrise, Université de Versailles, Conservatoire botanique national du bassin parisien.
- DANTON P., BAFFRAY M., 1995. Inventaire des plantes protégées en France. Editions Nathan et Association française pour la conservation des espèces végétales (A.F.C.E.V), Paris et Mulhouse. 294 p.
- JALAS J., SUOMINEN J., 1989. Atlas florae Europaeae : distribution of vascular plants in Europe . 8. Nympheaceae to Ranunculaceae. Committee for mapping the flora of Europe - Societas biologica Fennica Vanamo, Helsinki. 261 p.
- MAIRE R., 1964. Flore de l'Afrique du Nord : (Maroc, Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Cyrénaïque et Sahara). Volume XI. P. Lechevalier, Paris.
- ROUY G., FOUCAUD J., 1893. Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine. Tome I. Société des Sciences Naturelles de la Charente-Inférieure. Editeur scientifique, Paris. lxvi, 264 p.