Espèce végétale

Citation de cette fiche : R. BAJON, février 2000. Gratiola officinalis L., 1753. In Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.

Caractères diagnostiques :

Plante entièrement glabre, à souche rampante, à tiges feuillées, dressées, quadrangulaires, de 15 à 50-60 cm de haut. Feuilles (2-5 cm de long) opposées, sessiles et plus ou moins embrassantes à leur base ; lancéolées-linéaires, plus ou moins dentées au sommet, trinervées. Fleurs isolées à l'aisselle des feuilles supérieures, à pédoncule floral un peu plus court que la feuille correspondante ;, grandes (1,5 à 2 cm de longueur) ; calice à 5 sépales étroitement lancéolés, avec, à la base, deux bractées linéaires plus longues que lui ; corolle blanche, plus ou moins lavée de mauve, zygomorphe et bilabiée, à tube droit, allongé, poilu en dedans, à lèvre supérieure bilobée et lèvre inférieure trilobée ; 4 étamines, dont deux fertiles et deux à anthères avortées ou nulles ; stigmate bilabié et 2 carpelles soudés ; fruit = une capsule ovoïde-conique, à deux loges et à graines nombreuses ; floraison en été (juin à septembre).

Confusions possibles :

A l'état végétatif, la Gratiole peut être confondue avec beaucoup d'espèces ; mais ses fleurs sont tout à fait caractéristiques, et la plante fleurie ne peut pas être confondue.

Caractères biologiques :

Hémicryptophyte vivace. Plante médicinale, très amère, utilisée autrefois dans la médecine populaire, dont les parties souterraines sont vomitives, purgatives et vermifuges ; elle était même réputée faire dépérir le bétail dans les prairies humides.

Aspects des populations sociabilité :

Malgré sa multiplication végétative par rhizomes, ne forme jamais de populations nombreuses et étendues.

Caractères écologiques :

La Gratiole est une plante des prairies humides, inondées l'hiver, fauchées ou pacagées ; aussi dans les marécages, les queues d'étangs, parfois les berges des rivières à cours lent, voire même les fossés ; de la plaine jusqu'aux basses montagnes, vers 700-800 m.

Habitats concernés :

Groupements de hautes herbes hélophiles des Phragmitetalia, surtout du Magnocaricion et du Glycerio-Sparganion ; aussi dans les groupements de prairies de fauche du Bromion racemosi, ou des prairies pacagées plus nitrophiles de l'Agropyro-Rumicion.

Répartition géographique :

Espèce eurasiatique, de la Sibérie et de l'Asie moyenne, de l'Ukraine et de la Pologne, jusqu'aux Pays-Bas, à la France, au Portugal. Présente aussi en Amérique du nord mais peut-être introduite ? En France, elle est disséminée sur l'ensemble du territoire, mais avec une distribution très inégale : très rare ou presque absente, par exemple, du Nord et d'Aquitaine, des Pyrénées, de Franche-Comté, elle est plus commune en Alsace, en Beauce, en Bretagne, en Limousin, etc .

Etat des populations :

Autrefois plus répandue, c'est maintenant une plante disséminée, à individus peu nombreux ; elle est donc particulièrement fragile.

Menaces potentielles :

Ce sont essentiellement des menaces directes sur les biotopes (drainages des zones humides, pollution des mares et étangs, régulation des berges des rivières, etc.). Elle a fait l'objet de cueillettes importantes à cause de ses propriétés médicinales, ce qui a peut-être aussi contribué à sa raréfaction dans certaines régions. Le Conservatoire des Plantes Médicinales de Milly-la-Forêt a entrepris une étude de l'espèce et peut fournir des graines ou des plants aux producteurs.

Bibliographie :

- ARNAL G., 1996. Les Plantes protégées d'Ile-de-France. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 349 p.
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
- DANTON P., BAFFRAY M., 1995. Inventaire des plantes protégées en France. Editions Nathan et Association française pour la conservation des espèces végétales (A.F.C.E.V), Paris et Mulhouse. 294 p.