Citation de cette fiche : E. MOTARD, R. BAJON,
juin 2000. Equisetum variegatum Schleich., 1797 [nom. nud.]. In Muséum national
d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique
national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.
Caractères diagnostiques :
Plante vivace, à tiges souterraines rampantes, fragiles ; tiges aériennes toutes semblables, en touffes plus ou moins denses selon les populations ; de 10 à 40 cm de hauteur, grêles, simples ou un peu ramifiées à la base ; genouillées, et pouvant alors facilement s'enraciner aux noeuds ; persistant pendant l'hiver.
Tiges vert pâle, rudes et fortement cannelées (une dizaine de profonds sillons alternant avec des côtes elles-mêmes sillonnées) ; gaines de moins de 1 cm de long, tout à fait caractéristiques, à trois couleurs bien tranchées : base chlorophyllienne verte, cercle noir bien marqué, dents vertes, largement triangulaires et à large bordure membraneuse blanche ; habituellement pas de rameaux verticillés.
Epis sporifères ovoïdes ou oblongs, longs de 6 à 10 mm, courtement apiculés ; mais de nombreuses populations sont souvent complètement stériles ; sporanges se développant en été (juin-septembre).
Confusions possibles :
Possible peut être avec certaines formes courtes et grêles, sans rameaux verticillés, d'Equisetum ramosissimum, voire même d'E.palustre. Mais l'observation des gaines ne laisse habituellement aucun doute.
Caractères biologiques :
Hémicryptophyte vivace. Les tiges genouillées ayant la capacité de s'enraciner aux noeuds, les plantes peuvent produire des clones autonomes si les conditions environnementales le permettent. Cependant, les populations étudiées en détail, même si elles ne présentent que peu de diversité, ne semblent pas véritablement clonales.
Aspects des populations sociabilité :
Du fait de ses rhizomes et de sa capacité de s'enraciner aux noeuds, la Prêle panachée peut former des "populations" (en réalité, peut-être des clones) assez nombreuses et étendues, quoique souvent formées de touffes grêles.
Caractères écologiques :
Espèce essentiellement montagnarde, que l'on rencontre le plus souvent entre 1300 et 2600 m, sur les rives caillouteuses et plus ou moins tourbeuses des ruisseaux et des lacs, en eaux neutro-alcalines surtout. Localement présente à basse altitude, dans les plaines alluviales, ou bien dans les petits marais et les sables humides des dépressions d'arrière-dunes, mais alors toujours en populations très isolées et de très faibles effectifs.
Habitats concernés :
Typiquement, groupements d'hélophytes plus ou moins tourbeux : alliance du Caricion davallianae essentiellement.
Répartition géographique :
Espèce des montagnes holarctiques, présente en Europe du centre et du nord, dans le nord de l'Asie, et en Amérique du nord, jusqu'à des latitudes très élevées, au delà du Cercle Polaire (Laponie, Spitzberg, Terre de Baffin, Alaska, Sibérie...).
En France, elle n'est pas très rare en altitude, entre 1300 et 2600 m, dans les Alpes et dans les Pyrénées (mais très localisée dans le Jura). Très rare en plaine : berges alluviales dans le Ried illo-rhénan, pannes de dunes près de Dunkerque (elle y avait été considérée comme disparue depuis 1963, mais a été redécouverte par le CBN de Bailleul en 1997). Une petite population a été découverte en 1896 par Jeanpert en forêt de Marly près de Paris, dans une parcelle forestière sur sol marécageux ; l'ONF y a entrepris depuis 1983, sous l'impulsion de M.Bournérias et de G.Arnal, une opération de sauvetage, en liaison, depuis 1996, avec le CBN du Bassin parisien. L'espèce semble avoir disparu du Lyonnais et de Bourgogne. Par ailleurs, les stations indiquées du Morvan ou du Val de Loire semblent erronées, après contrôle des spécimens d'herbier, et se rapporter à des formes grêles d'autres espèces.
Etat des populations :
Si les populations de montagne, assez nombreuses, ne semblent pas vraiment menacées, en revanche, les populations de plaine, qui sont très isolées et très peu nombreuses, sont souvent en situation précaire : devenu très rare en Alsace, complètement disparu, sans doute, du Lyonnais et de Bourgogne où il était encore signalé au début du siècle.
Menaces potentielles :
Il s'agit là encore vraisemblablement de menaces directes sur les biotopes (zones humides en régression partout, eutrophisation des mares et étangs, etc.), auxquelles s'ajoutent sans doute des problèmes de génétique des populations (les "populations" étant en fait, sans doute, des clones...).
Bibliographie :
- ARNAL G., 1996. Les Plantes protégées d'Ile-de-France. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 349 p.
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
- HULTEN E., FRIES M., 1986. Atlas of North European vascular plants : north of the Tropic of Cancer. 1 atlas, 3 volumes. Koeltz Scientific Books, Königstein, Federal Republic of Germany.
- JALAS J., SUOMINEN J., 1972. Atlas florae Europaeae : distribution of vascular plants in Europe . 1 . Pteridophyta. Committee for mapping the flora of Europe - Societas biologica Fennica Vanamo, Helsinki. 121 p.
- JEANPERT H.-E., 1911, réédition 1995. Vade-mecum du botaniste dans la région parisienne. Librairie René Thomas, Paris. XII + 242 p. + 231 p.
- PRELLI R., BOUDRIE M., 1992. Atlas écologique des fougères et plantes alliées : illustration et répartition des Ptéridophytes de France. Editions Lechevalier, Paris. 272 p.
- PRELLI R., 2001. Les Fougères et plantes alliées de France et d'Europe occidentale. Editions Belin, Paris. 431 p.
- RAMEAU J.-C., MANSION D., DUME G., 1993. Flore forestière française, guide écologique illustré, tome 2 : Montagnes. Ministère de l’Agriculture et Institut pour le développement forestier, Paris. 2421 p.
- ROUY G., 1913. Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine. Tome XIV. Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, Paris. 562 p.
