Dernière mise à jour des données : 27 Février 2022

Espèce végétale

Arenaria grandiflora L., 1759

Sabline à grandes fleurs

Cette espèce bénéficie d'un statut réglementaire ou patrimonial sur tout ou partie du territoire d'agrément du CBNBP et de la Sarthe

(, Equisetopsida)

 
Statut d'indigénat sur le territoire d'agrément : Indigène

Citation de cette fiche : R. BAJON, février 2000. Arenaria grandiflora L., 1759. In Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.

© MNHN-CBNBP  J. CORDIER
© MNHN-CBNBP J. CORDIER

Caractères diagnostiques :

Plante vivace, gazonnante, à souche ligneuse mais à tiges herbacées, courtes, genouillées-ascendantes, en général d'une dizaine de cm. Feuilles étroites, en alêne, coriaces, opposées sur toute la tige ; une seule nervure saillante à la face inférieure. Fleurs assez grandes (1 à 1,5 cm de diamètre), en petites cymes, souvent par 3, parfois par 5, ou seulement 2 ou même 1, sur des pédoncules courts ; pentamères : 5 sépales courts (env. 4-5 mm), verts et pubescents, mucronés, à marge étroitement scarieuse, 5 grands pétales blancs ; 10 étamines en 2 verticilles de taille inégale ; 3 carpelles soudés, ovaire uniloculaire à placentation axile, 3 styles libres mais connivents. Fruit = une capsule s'ouvrant au sommet par 6 dents et contenant de nombreuses graines noires à tégument chagriné. Floraison au printemps (mai-juillet), fructification de juin à août.

Confusions possibles :

Ne pose pas de problèmes particuliers de détermination : c'est une des rares Sablines vivaces à grandes fleurs et à feuilles étroites présentes dans notre dition.

Caractères biologiques :

Hémicryptophyte vivace ; la plante a la capacité de s'enraciner au niveau de ses rameaux et donc de produire des clones autonomes si les conditions environnementales le permettent. Ce mécanisme dit de "multiplication opportuniste", qui peut être à l'origine de la formation de populations "clonales", doit être assez marginal car les populations, même si elles renferment peu de diversité génétique ne peuvent pourtant pas être qualifiées de clonales. Plante probablement plutôt allogame ; cependant les Caryophyllacées sont toutes autocompatibles et peuvent facultativement s'autoféconder ; l'autogamie est donc possible pour les individus isolés. Le taux de germination ex situ pour cette espèce est d'environ 36% dans les populations de plaine (Fontainebleau et Chinon).

Aspects des populations sociabilité :

Peut former des "populations" assez nombreuses et étendues ; mais les tiges genouillées peuvent s'enraciner aux nœuds, et il est possible qu'il s'agisse en partie de clones.

Caractères écologiques :

Typiquement, Arenaria grandiflora est une espèce chasmophyte, accrochée dans les fissures des falaises calcaires, sur les crêtes ventées, les pentes rocheuses, toujours dans des stations très ensoleillées ; elle forme des racines très longues qui vont s'ancrer profondément entre les rochers, et de nombreuses tiges lignifiées organisées en coussinets compacts. Mais dans notre dition, la ssp.triflora vit sur des pelouses sur pentes de sables calcaires plus ou moins ébouleux.

Habitats concernés :

L'espèce se trouve dans les groupements des parois et falaises calcaires (Potentilletalia caulescentis), ou, parfois, de pelouses calcicoles (Brometalia erecti, clairières dans les Quercetalia pubescentis). Mais en Ile-de-France et dans le Chinonais, la ssp.triflora s'installe dans les groupements sur sables calcaires du Koelerion albescentis.

Répartition géographique :

Arenaria grandiflora fait certainement partie de ces espèces qui ont eu une distribution assez large après les dernières glaciations et qui, suite au réchauffement climatique, se sont réfugiées en altitude et ont peu à peu déserté les plaines. C'est une espèce montagnarde, que l'on rencontre sur les falaises et les rochers calcaires des montagnes du sud et du centre de l'Europe, jusqu'à des altitudes élevées (2600 m dans les Alpes), de l'Autriche à la Sicile, de la Suisse aux Baléares, mais toujours de manière assez rare et dispersée. En France, l'espèce existe dans les Alpes, les Pyrénées et les Corbières ; elle est également présente dans le Haut Quercy, sur les falaises de la vallée de l'Alzon (Rocamadour) et de la vallée du Lot (Saint Cirq-Lapopie), dans des conditions tout à fait similaires. On la connaît enfin, sous la ssp.triflora, dans deux petites régions de la plaine française, encore plus isolées de l'aire générale de l'espèce, le Chinonais et Fontainebleau. A Fontainebleau, Arenaria grandiflora ssp.triflora est connue depuis le XVIIème siècle, et indiquée régulièrement, depuis, par de nombreux botanistes. Mais les stations sont très appauvries, et la plante y est pratiquement menacée d'extinction. L'O.N.F., gestionnaire de la Forêt de Fontainebleau, a entrepris un remarquable effort de protection, et a confié au Conservatoire Botanique National du Bassin parisien le soin d'évaluer les populations et de définir un programme de conservation.

Etat des populations :

Dans les Alpes, mais aussi à Rocamadour, ou même à Chinon, le nombre d'individus (en fait, de coussinets) est très important (de l'ordre de la centaine de pieds). Par contre, en Ile-de-France, les effectifs ont dramatiquement chuté ces dernières années, et l'espèce se trouve au bord de l'extinction (9 individus).

Menaces potentielles :

Il est vraisemblable qu'aux menaces directes sur les biotopes (pelouses sableuses fréquentées et dégradées, parois rocheuses trop "nettoyées") s'ajoutent peut-être des problèmes de génétique des populations (les "populations" étant en fait, sans doute, des clones, d'où des phénomènes de consanguinité). Le 20 mars 1996, une convention d'étude a été passée entre le Muséum National d'Histoire Naturelle pour le Conservatoire Botanique National du Bassin parisien et l'Office National des Forêts, afin d'étudier les populations d'Ile-de-France. Cette étude a permis de montrer que les individus des Alpes et de Rocamadour ont une diversité génétique plus importante que ceux de Chinon et de Fontainebleau. Les populations de Chinon et de Fontainebleau se démarquent bien l'une de l'autre sur le plan génétique. Les deux populations de Fontainebleau sont bien différenciées entre elles, mais elles renferment assez peu de variabilité et les individus de chaque population, sans être identiques, sont très proches génétiquement.

Bibliographie :

- ARNAL G., 1996. Les Plantes protégées d'Ile-de-France. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 349 p.
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
- BRUNEAU de MIRE P., 1996. Peut-on encore sauver la sabline à grandes fleurs ? Bulletin de l’association des naturalistes de la vallée du Loing, vol.72, pp.32-35.
- CORILLION R., COUDERC J.-M., 1978. Les pelouses sèches des Puys du Chinonais. Colloques Phytosociologiques, VI : 147-167.
- JALAS J., SUOMINEN J., 1986. Atlas florae Europaeae : distribution of vascular plants in Europe . 7. Caryophyllaceae (Silenoideae). Committee for mapping the flora of Europe - Societas biologica Fennica Vanamo, Helsinki. 229 p.
- LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 p.

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