Dernière mise à jour des données : 27 Février 2022

Espèce végétale

Liparis loeselii (L.) Rich., 1817

Liparis de Loesel

Cette espèce bénéficie d'un statut réglementaire ou patrimonial sur tout ou partie du territoire d'agrément du CBNBP et de la Sarthe

(, Equisetopsida)

 
Statut d'indigénat sur le territoire d'agrément : Indigène

Citation de cette fiche : R. BAJON, avril 2000. Liparis loeselii (L.) Rich., 1817. In Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.

© MNHN-CBNBP  G. ARNAL
© MNHN-CBNBP G. ARNAL

Caractères diagnostiques :

Plante vivace ; à pseudobulbe (l'un des deux seuls cas de la flore d'Europe occidentale) ; à tiges dressées, courte (10-20 cm), glabre, vert-jaune, un peu anguleuse au sommet. Feuilles peu nombreuses (2 ou 3 seulement), subopposées en rosette basale, lancéolées chez la subsp. loeselii, plus largement obovales chez la subsp. ovata, dressées, plutôt courtes (souvent moins de 10 cm), naissant à la base de la tige du pseudo-bulbe écailleux dont seule la partie inférieure est enfouie dans le substrat ; pseudobulbe persistant d'une année sur l'autre, donnant naissance latéralement, en fin de saison, à un rhizome court, puis à un second pseudobulbe, qui fleurit l'année suivante. Inflorescence en grappe lâche, de quelques cm de long (le plus souvent moins de 10 cm) ; 3 à 15 fleurs petites, entièrement vert-jaunes, naissant à l'aisselle de bractées très courtes ; périanthe à pièces étalées ou dressées, les sépales très étroits, presque linéaires, les deux pétales latéraux un peu plus larges, tous petits (4 à 6 mm), le labelle dressé, long d'à peine 5 mm, ovale, à sillon médian et à bords ondulés ; pas d'éperon ; anthère à deux loges arrondies et quatre pollinies facilement caduques ; ovaire infère et droit; fruit = une capsule ; floraison et fructification estivales (juin-juillet), mais les graines peuvent rester dans les capsules jusqu'à l'hiver.

Confusions possibles :

Difficiles : il n'existe pas beaucoup d'Orchidées ressemblant au Liparis ; le Coeloglossum viride, qui a lui aussi des fleurs très petites et verdâtres, s'en distingue facilement par la forme et la disposition du labelle, ainsi que par la taille des bractées.

Caractères biologiques :

Géophyte à pseudobulbe. L'espèce semble autogame, et son autopollinisation serait facilitée par les pluies et les brouillards, de même d'ailleurs que la dissémination des graines.

Aspects des populations sociabilité :

Espèce toujours très discrète et, de plus, capricieuse ; ce caractère de plante "à éclipses" a été reconnu aussi bien en Amérique du nord qu'en Europe, et on a souvent constaté sa soudaine réapparition, après une longue éclipse, mais rapidement suivie d'une nouvelle et brutale disparition, en fonction des conditions climatiques, de la durée d'inondation du milieu, de la fermeture du couvert végétal, etc. De plus, les pieds sont toujours rares et dispersés.

Caractères écologiques :

Le Liparis est une espèce exigeante, d'écologie stricte. On la trouvera en plaine ou en moyenne montagne, jusque vers 800-900 m, dans les tourbières, les prairies et les marécages tourbeux, mais sur tourbe alcaline, neutre ou très faiblement acide. On la rencontre également dans les pannes des arrière-dunes. C'est aussi une espèce plus ou moins pionnière, héliophile, qui ne vit que dans des peuplements ras et/ou clairsemés, bien éclairés, inondés pendant l'hiver et restant humides en été.

Habitats concernés :

Groupements de bas-marais alcalins et de tourbières alcalines, essentiellement dans les stades pionniers du Caricion davallianae.

Répartition géographique :

Liparis loeselii est une espèce circumboréale, ou plutôt une espèce boréo-amphiatlantique, puisque son aire s'étend essentiellement sur l'Europe occidentale et sur l'Amérique orientale ; c'est d'ailleurs la seule des près de 300 espèces du genre Liparis qui soit présente en Europe, et qui ait une aire aussi boréale. En Europe, elle n'est assez commune que dans le nord, de la Scandinavie à la Russie, ainsi que dans les îles boréales (Islande, Jan Mayen, Feroe, Spitzberg) ; on la trouve également assez communément dans les montagnes occidentales, le Jura et les Alpes ; elle est beaucoup plus rare en plaine, du Pays de Galles, de la Hollande et de France jusqu'à l'Europe centrale ; elle est sporadique dans le centre de la Russie et en Sibérie. En Amérique du nord, on la trouve, mais jamais très commune, de la Nouvelle-Ecosse et du Québec jusqu'au Manitoba, au sud jusqu'au New-Jersey, à l'Ohio, l'Alabama et le Nebraska ; elle est très sporadique à l'ouest jusqu'au Washington. En France, c'est une espèce qui se fait de plus en plus rare. Elle a été observée dans les départements suivants : Nord, Pas-de-Calais ; Marne, Meuse ; Moselle ; Haut-Rhin, Bas-Rhin ; Doubs, Jura ; Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie ; Corse ; Bouches-du-Rhône (?) ; Dordogne ; Charente-Maritime ; Morbihan, Finistère ; Manche ; Sarthe ; Seine-et-Oise, Seine-et-Marne. La subsp. ovata, qui se distingue de l'espèce-type par ses feuilles plus larges et plus ovales, montre son aire de répartition limitée aux arrière-dunes d'Europe occidentale, au Pays de Galles, en Flandre française et en Bretagne.

Etat des populations :

Espèce en régression un peu partout, y compris dans les zones où elle paraissait abondante au début du siècle. Partout ou presque, et principalement sur les marges de son aire, en plaine, l'espèce est menacée. Les menaces principales touchent en fait les milieux, et non l'espèce elle-même.

Menaces potentielles :

Les bas-marais tourbeux alcalins qu'affectionne le Liparis loeselii sont souvent drainés, mis en culture ou enrésinés, ce qui, bien entendu, provoque la disparition quasi-immédiate de la plante ; de nos jours c'est aussi le pompage abusif par les agriculteurs des nappes phréatiques qui est en cause. Mais l'évolution naturelle, par densification du couvert herbacé, embroussaillement, puis boisement cause également la régression, puis la disparition de la plante.

Bibliographie :

- BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
- BOURNERIAS M., AYMONIN G.-G., DEMARES M., MELKI F., QUENTIN P., GUILLAUMIN J.-J., PRAT D., BOURNERIAS J., GATHOYE J.-L., LEMOINE G., JACQUET P., DEMANGE M., ENGEL R., GERBAUD O., TYTECA D., 1998. Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Société Française d’Orchidophilie. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 416 p.
- DELFORGE P., 1994. Guide des orchidées d'Europe, d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Les guides du naturaliste. Delachaux et Niestlé, Paris. 481 p.
- GREMILLET X., 1993. Orchidées des zones humides littorales du Nord-Finistère. ERICA, 4.
- GREMILLET X., 1995. Liparis loeselii : comparaison de quelques populations du Pays de Galles, de la vallée du Rhône et de Bretagne. Propositions de gestion pour certaines stations armoricaines. ERICA, 6.
- GREMILLET X., 1997. Gestion expérimentale de quelques placettes au sein de stations de Liparis loeselii (résultats préliminaires). ERICA, 9.
- HULTÉN, E. ; & FRIES, M. (1986) : Atlas of north european vascular plants (north of the tropic of Cancer). 3 vol. Otto Koeltz Scient. Books, Königstein.
- JACQUET P., 1995. Une répartition des orchidées sauvages en France. 3ème édition mise à jour. Société française d'orchidophilie, Paris. 100 p.
- LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 p.
- PARC NATIONAL DES ECRINS, CONSERVATOIRE BOTANIQUE PORQUEROLLES, FEDERATION RHONE-ALPES DE PROTECTION DE LA NATURE, 1989. Atlas préliminaire des espèces végétales protégées du Dauphiné. Inventaires de faune et de flore, fascicule n°51. Muséum national d'Histoire naturelle, Secrétariat de la Faune et de la Flore, Paris. 163 p.
- PIGNATTI S., 1982. Flora d’Italia. 3 volumes. Edagricole, Bologne.
- QUENTIN P., 1995. Synopsis des orchidées européennes. 2ème édition revue et augmentée. Société française d'orchidophilie, Paris. 141 p.
- SEITE F., LESPAGNANDELLE A., 1999. Bretagne : Orchidées du littoral. Bulletin de l’Orchidophile, 139. Société Française d’Orchidophilie.
- STEWART J., 1992. La conservation des orchidées européennes. David Bourges.
- TILLY B., 1997. Cartographie des Orchidées de la Sarthe. Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Sarthe. 63 p.

Accueil  |   Contactez-nous  |   Mentions légales  |   Plan du site  |   Aide  |   Webmaster

© CBNBP-MNHN 2006